TEMOIGNAGES

REPAS DOMINICAUX


Lise, une femme de 35 ans consulte pour des dorsalgies à répétition qui justifient des arrêts de travail depuis un an. Une récession d’âge la conduit à contacter des émotions, puis à retrouver des souvenirs de son enfance jusque-là oubliés.

L’un de ces souvenirs est odorant : elle retrouve l’odeur du pot-au-feu des inévitables repas dominicaux. Ils se terminaient systématiquement par des disputes entre ses parents. Il lui était interdit de quitter la table pour aller jouer. Elle trépignait intérieurement ainsi pendant les débuts d’après-midi.

 

Elle établit spontanément le lien avec l’odeur d’un restaurant dans lequel elle était allée il y a environ un an. Alors qu’elle y était invitée par des amis, elle s’y était soudain sentie très mal sans savoir pourquoi : des sentiments de tristesse l’avaient envahie alors que l’ambiance générale était à la gaieté.

 

La spécialité de ce restaurant était le pot-au-feu. Elle se souvient qu’elle avait choisi un autre plat. L’odeur de cette spécialité était néanmoins très présente.

 

Les premières douleurs apparurent dès le lendemain de cette soirée.

Elle réalise que depuis l’âge de dix ans jusqu’à ce que, devenue adulte, elle quitte ses parents, elle avait souffert du dos, particulièrement les lundis matins. C’est seulement maintenant qu’elle fait la relation avec les interminables repas animés du dimanche.

 

Ainsi, une odeur agréable pour la majorité peut incommoder une personne qui l’avait initialement sentie dans des circonstances pénibles refoulées dans l’ inconscient, mais dont l’AIC avait mémorisé la charge émotionnelle négative (CEN) ainsi que les fortes tensions musculaires qui y étaient associées et qui s’étaient transformées en sensations douloureuses au cours du temps passé.

 

Ces mécanismes se passent à l’insu de la personne concernée qui ne peut que constater des symptômes. Elle ne fait pas spontanément le rapprochement entre les troubles qu’elle ressent et la sensation qui les a déclenchés.

 

Nous avons vu que la fonction première de l’AIC est de réagir en présence d’un danger dans un objectif de survie.

Par extension, toute situation inconnue est d’abord vécue comme une menace vitale. Cela explique la résistance aux changements puisque effectivement, si l’ AIC n’intervient de façon directe que dans de telles situations, elle reste en état de vigilance à longueur de vie et conditionne nos comportements à notre insu.

Sa fonction serait comparable à celle d’un guetteur donnant l’ordre de fermeture générale du château dès qu’un étranger s’approche sans discerner s’il est ami ou ennemi.

 

Dans le cas d’une personne souffrant chroniquement, ce n’est pas la douleur qui donne l’alerte, mais la peur de la douleur. Le changement étant perçu comme un danger et la disparition de la douleur étant un changement, la guérison est rejetée.

 

La douleur est donc inconsciemment vécue comme une garantie de sécurité, de non-changement auquel la personne se raccroche.
Le bien-être, inconsciemment assimilé au changement est banni et relégué dans le domaine de l’inconnu, donc dangereux.

Sur ce point, souffrances physiques et morales suivent le même processus. L’une et l’autre peuvent bénéficier des corrections kinésiologiques qui défusent les stress s’opposant à l’amélioration.

Extraits du "Manuel Pratique de Kinésiologie" de Rabia et J.C. Guyard.